Focus sur ces initiatives pour transformer nos rebuts alimentaires en objets du quotidien
- Néla Mariani
- 29 nov. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 déc. 2024
Qu’ont en commun Repulp, Reus’eat, Kaffeeform et Esther Bapsalle ? Ils prennent pour matière première de leur production des délaissés de l’industrie alimentaire. Peaux d’agrumes, marc de café ou encore drêche de bière sont valorisés en vaisselle et objets du quotidien.

Repulp, des tasses en bioplastique d'agrumes
Cette jeune entreprise marseillaise produit une gamme de produits tous issus de peaux d’agrumes. Elle a développé un partenariat avec un producteur de jus de fruits de la région PACA qui la fournit en rebuts. Il faut savoir que lorsqu’un jus de fruits est produit, plus de
50 % du fruit part au rebut. À partir de ces peaux d’agrumes, Victoria Lièvre, fondatrice de Repulp, a développé un bioplastique. Les peaux d’agrumes sont dans un premier temps séchées, puis réduites en poudre, avant d’être mélangées à un liant organique fait à partir d’huiles végétales. Ce matériau est compostable et constitue une alternative aux plastiques issus de la pétrochimie. La première gamme d’objets développée à partir de ce matériau est une collection de tasses. Toutes ont une forme identique, seule la couleur change en fonction de l’agrume employé.
La culture des oranges en France atteint les 43 390 tonnes par an et 9 millions de tonnes en Europe.

Esther Bapsalle fait de la céramique émaillée à la cendre de vigne
Partie du constat que les colorants industriels sont très polluants, Esther Bapsalle a commencé à explorer des techniques naturelles. Son origine bordelaise l’a amenée à s’intéresser à la vigne comme matière première. Elle a ainsi identifié trois déchets au potentiel tinctorial intéressant pour développer une gamme de colorants naturels qu’elle utilise pour émailler les céramiques qu’elle crée. Le travail d’Esther Bapsalle de valorisation des déchets de vignes s’accompagne d’une réflexion autour de la temporalité des objets. A-t-on réellement besoin d’une couleur qui dure cent cinquante ans si c’est pour colorer un objet qui est fait pour être éphémère, comme, un packaging ? N’est-il pas plus judicieux de choisir les colorants en fonction de leur application, comme on le fait déjà pour les matériaux dans un projet de design ? Les colorants industriels sont certes moins coûteux que les colorants naturels. Néanmoins, on a la possibilité de considérer nos déchets agricoles qui ont un haut potentiel colorant et peuvent s’adapter à diverses applications.

Kaffeeform produit des gobelets en marc de café
Kaffeeform est une entreprise allemande qui développe une gamme de tasses et contenants réalisés à partir de marc de café. La matière première est récoltée localement à Berlin, avant d’être mélangée à des liants d’origine végétale. La matière ainsi obtenue est 100 % d’origine naturelle et sans produits issus de la pétrochimie. L’entreprise prévoit de diversifier sa production en s’intéressant à d’autres rebuts naturels, comme les fibres de bois de hêtre provenant d’une production du sud de l’Allemagne, afin de pouvoir proposer d’autres coloris. En résulte une gamme de tasses aussi élégantes que responsables. Une alternative parfaite au plastique et autres polluants éternels.

Reus’eat fabrique des couverts en drêche de bière
Reus’eat est une entreprise française dont la production est basée à Thiers et qui est née du constat effarant du nombre de couverts à usage unique jetés dans la restauration étudiante. Marie et Armand, les fondateurs, ont souhaité développer une alternative éco-conçue et locale pour créer des couverts responsables. C’est naturellement qu’ils se sont intéressés à la drêche de bière comme matière principale de leur production. Ces résidus de la fabrication de bière sont récoltés localement, puis séchés et broyés avant d’être mélangés à un liant d’origine renouvelable afin de développer un matériau qui soit résistant, réutilisable et compostable. Grâce à leur initiative, la restauration à emporter dispose dorénavant d’une alternative saine à l’usage de couverts en plastique à usage unique.
En 2023, Reus’eat a revalorisé l’équivalent de plus d’une tonne et demie de drêche de bière

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