Focus sur ces designers qui valorisent les coquilles d’huîtres et autres rebuts marins !
- Néla Mariani
- 19 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 janv.

Dégustés toute l’année et adulés pendant les fêtes de fin d’année, les crustacés sont un mets prisé, si bien que la conchyliculture avoisine chaque année en France les 150 000 tonnes de production. Bien qu’organiques, des déchets de production considérables en découlent, offrant ainsi aux designers un terrain d’expérimentation de choix. Hors Studio, Malakio ou encore Atelier Lucile Viaud ont pensé des secondes vies étonnantes pour ces matières délaissées.
Malakio revalorise les coquilles de crustacés en matériaux décoratifs de choix
C’est en 2020 que Morgan Guyader et Hugo Kermarrec se sont associés pour fonder Malakio. Partant du constat qu’il était difficile pour les designers de sourcer des matériaux qui soient à la fois locaux, durables et esthétiques, le duo se lance dans la propre production d’une matière composite : l’Istrenn. Véritable invention du studio de création, l’Istrenn est un matériau réalisé à partir de coquilles de crustacés et ne nécessite aucun temps de cuisson pour un procédé 100 % low-tech. L’activité de l’entreprise étant ancrée dans une démarche durable et locale, la matière première de la production provient de Bretagne, tandis que les ateliers de Malakio sont installés à Nantes. Les différentes gammes d’Istrenn sont obtenues en fonction des différents coquillages utilisés, ainsi que d’ajout de pigments naturels pour proposer une large gamme de choix esthétiques. Mobilier, luminaires, plan de travail de cuisine, les utilisations de l’Istrenn sont nombreuses.
Hors Studio x Cécile Feilchenfeldt s’associent pour tisser Mytilula, un rideau à basse émissivité thermique en maille de cuivre et fibre de byssus
La première question que vous vous posez sûrement est : « Qu’est-ce donc que le byssus ? ». C’est une fibre sécrétée par la glande des mollusques bi-valves, comme par exemple, la moule. Ces petites fibres sont en réalité très résistantes et utilisées depuis des siècles. Au XVIe siècle cette matière était même appelée « soie de la mer ». Pour mener à bien ce projet ambitieux de tissage d’une pièce à partir de byssus, les designers d’Hors Studio, spécialistes dans la création de nouveaux matériaux à partir de chutes et rebuts de production, se sont associées à Cécile Feilchenfeldt, créatrice spécialisée dans les textiles expérimentaux. Hors Studio a investi la recherche autour du byssus dans le cadre de la bourse Agora du design afin de valoriser la fibre en tant que nouvelle matière textile. Mytilula, le rideau à basse émissivité tissé à partir des fibres de byssus et de fils de cuivre met parfaitement en avant les propriétés isolantes de la matière pour créer une paroi qui conserve la fraîcheur dans les espaces intérieurs. Le projet n’est qu’une vitrine des différentes possibilités qu’offre cette matière étonnante.
Lucile Viaud invente de nouvelles façons de fabriquer du verre
Lucile Viaud est une designer et chercheuse française très attachée à la notion de territoire. Pour son projet de géoverrerie, elle ancre son activité dans différentes régions de France pour mener ses expérimentations autour de matières marines, coquilles d’escargot et autres matières minérales. La géoverrerie telle que pensée par la designer, répond à cette définition :
« GÉOVERRERIE néo.n.f — Idée que le verre pourrait refléter les caractères naturels et humains de la région dont les matières premières qui le composent sont issues. »
Elle utilise principalement des coquillages, qu’elle transforme en une série de verres, dont l’aspect différera en fonction des matières premières qui la composent. Ainsi, le verre des Iles du Ponant revêt une couleur cuivrée intense, et est réalisé à partir de sable d’excavation ainsi que de cendres de fumaisons de poisson. Le verre marin Glaz, lui, est composé de coquilles d’huîtres ou d’ormeaux, ainsi que de micro-algues, et d’une couleur vert canard vibrante.
Comments